la maladie qui a bien failli tuer le vin

la maladie qui a bien failli tuer le vin

 

Le phylloxéra. Tout le monde en a certainement déjà entendu parler, au moins de nom.

En général, on le sait nuisible pour la vigne, ravageur, et quelque peu cauchemardesque pour les vignerons.

 

Mais qu’est-il vraiment ? Que fait-il à la vigne ? Et comment l’éviter ?

Autant de questions qui ne resteront pas sans réponse dans cet article Clignement d'œil.

 

 

Le phylloxéra est un parasite apparenté à un puceron, un minuscule insecte jaune ou brun, d’à peine 0.3 à 1.4 mm.

Son nom complet est Phylloxéra vastatrix, qui en Grec signifie “sèche-feuille dévastateur”. Très parlant…

 

 

Phylloxéra schéma

 

 

Notez que l’on parle également de phylloxéra pour désigner la maladie que provoque le puceron.

 

Si cette bestiole est minuscule, elle est en effet dévastatrice, car en très grand nombre. L’union fait la force (mais pas de la vigne…) !

Sa reproduction rapide et très complexe y est pour quelque chose ;

 

En résumé,

le puceron nait toujours femelle, à partir d’un œuf. Dans certains cas, il va s’implanter sur les feuilles de la vigne (phylloxéra gallicole), et dans d’autres cas sur les racines (phylloxéra radicicole).

Sans fécondation supplémentaire, ces femelles pondent de nombreux œufs (jusqu’à 600 pour les gallicoles, jusqu’à 400 pour les radicicoles). Là encore, les naissances restent féminines, et ce cycle peut se répéter cinq à six fois !

Et ce n’est pas fini.

Dans leur vie, les pucerons subissent plusieurs mues, dont la dernière donne lieu à des nymphes, elles-même à l’origine d’un nouveau phylloxéra. Contrairement aux autres, ce dernier est ailé. Il pond à son tour des œufs, mais avec des mâles et des femelles cette fois-ci. Les mâles sont des reproducteurs qui ne vivent que pour ce rôle (pas longtemps donc). Après fécondation, l’œuf ainsi créé (appelé œuf d’hiver) est en fait celui du début de l’histoire. La boucle est bouclée !

 

En plus d’une reproduction efficace, le phylloxéra se propage facilement.

Phylloxéra ailé

 

 

Comme principaux responsables, je nomme les phylloxéras ailés. Vous l’aurez deviné, avec des ailes et quelques bourrasques de vent, le tour est joué pour une bonne propagation vers les parcelles voisines.

Les non ailés sont plus lents car ils se déplacent par eux-même, sur ou sous terre, de ceps en ceps.

 

Sa propagation est d’une trentaine de kilomètres par an en moyenne, tout de même.

 

 

Le puceron peut avoir deux effets sur la vigne, selon s’il s’installe sur ses feuilles ou sur ses racines.

Dans les deux cas, il se sert d’une espèce de dar, un suçoir, pour piquer la vigne et en sucer la sève jusqu’à dessèchement. A la manière d’une tique, il se nourrit du fluide de son hôte, sauf qu’il provoque bien plus de dégâts.

 

Le phylloxéra gallicole (celui qui va sur les feuilles), est bien moins dangereux dans le sens ou il ne provoque pas la mort du cep de vigne. Malgré tout, il provoque des sortes de boursoufflures sur les feuilles (les galles) qui renferment des poils épaissis, le puceron, et les œufs.

La feuille finit par sécher et tomber.

Phylloxéra feuille 1

 

Phylloxéra feuille 2

 

 

 

Le phylloxéra radicicole (celui qui va sur les racines), est beaucoup plus redouté. En piquant les racines, il provoque là aussi des irrégularités et boursoufflures. Ces dernières empêchent non seulement la racine de jouer son rôle d’absorption, mais en plus la rendent perméable aux micro-organismes.

La racine finit par s’infecter, pourrir, puis mourir au bout de trois ans (et donc le cep de vigne avec).

Phylloxéra racine

 

La crise du phylloxéra

 

Dans les années 1860, alors que la viticulture européenne se portait bien, une grave crise viticole et vinicole nait des ravages du phylloxéra.

 

Il est introduit malencontreusement depuis son lieu d’origine, l’Amérique de l’Est, vers l’Europe. Le puceron décime une quantité considérable de parcelles à travers les différents pays, sans qu’on ne sache comment l’arrêter !

 

La maladie est observée pour la première fois en 1863 dans le Gard, mais il faut attendre 1868 pour la découverte du puceron.

La crise dure prêt de vingt ans, et menace d’extinction totale l’espèce de vigne Vitis Vinifera (utilisée pour la grande majorité du vin). Heureusement, vers 1880, on trouve le moyen de lutter contre le phylloxéra grâce au porte-greffe, mais nous y reviendrons.

 

Phylloxéra maquette

 

Petit à petit, les vignobles sont replantés en rangs (ce qui n’était pas le cas auparavant) pour permettre la mécanisation. Tous les vignobles ne retrouvent pas leur place, comme ceux du Nord-Ouest ou du centre de la France, par exemple.

C’est un nouveau départ pour le vin, après de longues décennies de pénuries !

 

 

Face à la crise, des solutions en tous genres ont été testées pour traiter la vigne contre le puceron, ou sa maladie. Sans réel succès…

 

Sulfatage

 

On tente de submerger les vignobles en pensant noyer le puceron. On teste de nombreuses mixtures chimiques, sulfatées ou directement injectées dans les racines des ceps. On envisage même de replanter toutes les vignes dans le sable, car on s’est rapidement rendu compte que le puceron ne parvenait pas à se déplacer dedans, et mourrait.

Bref, beaucoup de tests, et peu de résultats.

 

Jusqu’à la découverte de variétés américaines résistantes au phylloxéra. L’espoir renait !

On les plante alors en remplacement des ceps décédés. Malheureusement, on se rend vite compte à la première récolte que le vin produit n’est tout simplement pas bon. Les variétés sauvages utilisées donnent un mauvais goût au vin. C’est la désillusion.

Puis, une idée fantastique révolutionne le monde de la viticulture ! Greffer les plants de vitis vinifera sur les racines des variétés résistantes.

 

Porte greffe racine

 

Cette idée fut un vrai succès, pour le bonheur de toute la filiale du vin.

 

Aujourd’hui, la quasi totalité des vignes dans le monde est en fait implantée sur des portes-greffes américains. Le Chili fait exception, ainsi que quelques vignobles au sol sablonneux.

Chaque pays possède sa propre liste de portes-greffes américains autorisés, et sélectionnés pour plusieurs critères.

 

Finalement, le phylloxéra qui subsiste encore aujourd’hui inquiète bien moins la population, même si il faut rester prudent, bien entendu.

 

La vigne est sauve, le vin aussi.

Ouf !!

 

Merci à vous d’avoir lu cet article, partagez le autour de vous s’il vous a plu Sourire

 

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